JULIE
MONNET

Le paysage «reflété» et le paysage «réel» s’associent au moyen de deux miroirs qui se font presque face. L’un est rigoureux et précis, celui de l’appareil photo. L’autre, celui que je tiens dans ma main, est «bricolé» et presque incertain. Ce dernier est aussi une interface entre l’oeil, l’appareil photo et le sujet photographié. L’action photographique est tridimensionnelle pourtant ces deux fragments de paysages sont rabattus sur un seul plan. L’image produite est double. La tranche du miroir floute la frontière entre ces deux fragments de paysage. Ils se superposent et créent une seule image, une 3ème : un nouveau paysage, un «faux paysage», un paysage qui n’existe pas. Le réel et son image sont perturbés. Le flou opéré par la tranche du miroir crée un trouble dans l’image sans sauter à la vue. Un temps est nécessaire au regard pour se rendre compte que quelque chose cloche dans l’image. Il n’y a pas de postproduction, «l’image double» est réalisée en direct, à la prise de vue. La représentation mimétique traditionnelle du paysage et le médium photographique comme moyen de véracité d’une réalité sont bousculés. La représentation du paysage est un fragment, un morceau de paysage, mais n’est pas le paysage en lui-même. Les photographies sont tirées sur un plexiglas très brillant qui rejoue la question du reflet. Les formats sont variés, certains se rapprochent de l’objet (13x18 cm) et d’autres sont plus grands (60x75 cm maximum).

Restitution résidence Laboratoire Recto-verso (Collectif Acte), Lac&S, Lavitrine - Limoges 2022