Lisières

Au bord des villes, au bord des routes, le long des fossés, des forêts,s’étalent les faux déserts. Périphéries gondolées par les vagues de chaleur, de bitume. Glacées par les pluies. Bandes de terre prises par l’homme, quittées par l’homme, où la nature s’entête encore, s’enroule et s’accroche aux vestiges d’une vieille présence. Anciens murs et ferraille. Chantiers atemporels, déchets témoins, friches enchantées, chutes de bois et d’acier.Champs vides. Racines à l’air. En contrechamp terre à l’envers.Temples couverts de lianes et de poussière, lieux vides habités d’absences, strates de vies déposées au creux de chaque trace laissée sur place, au fond des sillons, dans les marques du ciment sur le sol, dans chaque objet oublié, laissé là.

Dresser l’inventaire pour redresser la mémoire. Notes de l’environnement, dessins répertoires, accumulation des souvenirs et des contours. S’installer partout, passer des heures. Définir un paysage, entoucher le profond, en sentir les reliefs, en toucher la lumière du fond de la rétine. Infuser les lieux, imprégner le maintenant d’ici.


Lisières, 2015, Florie Adda, auteure plasticienne


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